ouragans et changements climatiques

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Ce dossier a été inspiré d'un article paru dans "pour la science" N°358 d'août 2007 rédigé par Kevin Trenberth

Les ouragans font beaucoup parler d'eux à l'heure où la saison cyclonique dans l'atlantique bat son plein (de juin à novembre) et après que le cyclone Dean a frappé respectivement  La Martinique et la Guadeloupe (en catégorie 2) puis la Jamaïque (en catégorie 4) et enfin le Mexique (en catégorie 5). Voir à ce propos le dossier de présentation des ouragans. Mais les changements climatiques associés au fameux réchauffement de la planète, font craindre le pire. Qu'en est-il vraiment?

Une augmentation des phénomènes violents observée dans le monde

Dans l'année 2004, ce sont 4 ouragans qui se abattus sur la Floride tandis que 10 typhons touchaient le Japon. Dans l'année 2005, l'atlantique nord fut en ébullition puisque 2 ouragans de catégorie 5 firent des dégâts sans précédents et que le nombre d'ouragan fut si important qu'on dut pour la première fois recourir à des lettres de l'alphabet grec pour nommer les derniers nés (jusque epsilon).

Katrina à l'abordage de La Nouvelle Orléans le 29 août 2005

L'ouragan Rita le 24 septembre 2005

On aurait ainsi pu aller de mal en pis mais la saison 2006 fut une surprise puisqu'elle fut étonnamment calme. Ceci attisa les ardeurs des pro et anti réchauffement et une conséquence qu'on lui attribuait déjà, à savoir l'augmentation du nombre d'ouragans catastrophiques.

Quels sont les facteurs en cause?

La température de l'océan est un point primordial pour donner naissance aux ouragans.. Les scientifiques ont donc cherché si la température des océans avait déjà augmenté. D'autre part, ils ont cherché dans les archives pour savoir combien d'ouragans avait frappé dans les années précédentes. Ils ont ainsi pu remonter avec une certaine fiabilité jusque 1944 pour l'atlantique nord. Ils ont constaté que le nombre d'ouragans avait en moyenne augmenté depuis 1994 en même temps que les eaux de surface situées entre 10 et 20° de latitude nord, là où prennent naissance les systèmes tropicaux.

Mais d'autres ont remarqué que la température de surface subissait des variations pluridécennales (dont les changements s'étalent sur plusieurs dizaines d'années) et ont donc voulu briser le lien entre l'augmentation des ouragans et le réchauffement de la planète. Les modèles numériques ont alors indiqué que cette oscillation des températures ne pouvait expliquer à elle seule les tendances observées.

Les modèles numériques, d'une grande fiabilité, permettent aujourd'hui d'isoler chaque facteur et peuvent mieux rendre compte de l'impact de chacun d'eux.

Pourquoi une accalmie en 2006?

Il reste à savoir pourquoi 2006 fut si calme dans le contexte de réchauffement global! Intervient alors le fameux El Nino, réchauffement périodique de l'océan pacifique tropical. En 2005, toutes les conditions, réchauffement climatique, oscillation pluridécennale et El Nino, étaient en harmonie pour créer un maximum d'activité cyclonique. A l'inverse, le phénomène de la Nina (le contraire d'El Nino) qui a prédominé au début de l'année 2006, a permis d'augmenter la force des alizés et de disperser plus efficacement la chaleur des océans, réduisant d'autant les ouragans.

Nous voyons que des éléments contraires peuvent fort heureusement réduire la tendance du réchauffement climatique à l'augmentation des ouragans, mais elle sera toutefois inévitable!

Conséquences de l'augmentation de la température des océans

Dans le cas de Katrina, une augmentation de 1% de la température de surface de la mer a conduit à l'augmentation de 7% de la teneur en vapeur d'eau et de 19% des précipitations dans un rayon de 400 km. On peut aussi dire que sur les 300 mm de pluie tombés sur La Nouvelle Orléans, 25 mm sont dus au réchauffement de la planète et son augmentation actuelle de 0,6°C de la température de surface des océans..

Bien que les modèles restent à affiner et que le manque de données avant 1944 fasse cruellement défaut dans cette analyse, il est indéniable que le réchauffement de la planète induira en moyenne une augmentation des phénomènes violents tels que les ouragans avec à la clé des destructions plus grandes.

Mais peut-être en saurons-nous rapidement davantage sur les ouragans du passé grâce à la paléotempestologie....